Montrer nos fêlures, nos errances, nos hésitations en écriture, à quoi cela peut nous servir ? C’est une réflexion que j’ai entamé avec la création du site Je suis auteur et de cette newsletter. Au fond, partager des bonnes pratiques, des conseils d’écriture et mon expérience d’auteure en devenir repose aussi beaucoup sur le fait de dévoiler mes erreurs de parcours et la manière dont j’y fais face.
Mais c’est loin d’être simple : on craint toujours d’être (mal) jugé, d’avoir commis plus d’erreurs que les autres, de montrer au fond que l’écriture n’est pas un don inné chez soi.
C’est clamer haut et fort que l’écriture s’apprend, avec le labeur que suppose tout apprentissage. C’est un message que je suis fière de porter mais la rengaine avec laquelle nous avons grandi n’est jamais loin. Que, chez certains, écrire est un don et que les mots se placent harmonieusement sur la page. Sans effort.
C’est peut-être vrai pour quelques rares prodiges. Pour tous les autres, pour nous, les œuvres que nous souhaitons créer sont à notre portée, à condition de fournir les efforts nécessaires, à condition d’accepter que nos erreurs en écriture constituent le socle de notre parcours. Et de notre réussite future, quelle que soit sa définition.
Mon erreur silencieuse
Si seulement il n’y en avait qu’une !
L’erreur en écriture est une notion à la fois établie et subjective. Tout le monde s’accorde à considérer les fautes d’orthographe comme des erreurs non admises en écriture car elles tordent la langue sans rien apporter d’un point de vue stylistique ou narratif.
D’autres erreurs, notamment dans la structure de phrases ou le retrait d’articles, permettent justement d’affirmer son style d’écriture en détournant la langue '“dans le bon sens”. C’est toute la subjectivité de l’écriture qui à l’œuvre.
“Une chaise, une table, un fauteuil” sera, dans certains cas, moins impactant que “Chaise, table, fauteuil”. Et oui, cela peut être aussi simple que de retirer des articles.
L’erreur qui me vient en tête aujourd’hui ? Oublier de lire mes textes à voix haute en phase de réécriture.
C’est un conseil que de nombreux professionnels donnent mais qui se révèle peu suivi en pratique. On doute facilement de son efficacité et cela peut sembler ridicule ou incongru de lire à voix haute son texte. Mais les mots sonnent différemment lorsqu’on les énonce : les phrases prennent vie, le récit révèle s’il a du corps ou non et, surtout, cela fait apparaître ce qui ne sonne pas bien. Ce qui relève de la maladresse apparaît bien plus clairement.
Prenez le temps, déclamez vos textes et vous gagnerez en profondeur de réécriture. C’est ce que je constate à chaque fois que je me contrains à l’exercice.
À bientôt,
Raphaëlle Béguinel,
Fondatrice de Je suis auteur