Idée reçue n°5 sur le livre : la dernière
Le secteur du livre n'est pas une industrie comme les autres ? Newsletter Je suis auteur
Comment ça va vous ? :)
Pour ma part, cette année 2022 ne cesse de me surprendre et d’amener la naissance de toutes sortes de projets… je vous en reparlerai bientôt !
Dernière de la série de 5 idées reçues présentées ces dernières semaines sur le secteur de l’édition et la chaîne du livre ; on termine en beauté avec une perception biaisée de la réalité que de nombreux auteurs et lecteurs peuvent encore avoir…
Et elle concerne la chaîne du livre : alors champ culturel préservé des impératifs économiques ou industrie comme les autres ?
Je vous laisse vous faire votre propre opinion, à partir de la mienne, que je vous partage ci-dessous.
Belle lecture,
Raphaëlle Béguinel
Secteur de l’édition : quand l’art se heurte à la rentabilité
Eh oui, point de suspense plus long, la chaîne du livre est bel et bien une industrie comme (de nombreuses) autres.
La preuve en 4 points :
1/ La logique de rentabilité dicte les décisions de la majorité des acteurs
Premier point à toujours garder en tête : le livre est avant tout un objet qui se vend au sein d’une économie capitaliste. Les logiques de base offre vs demande régissent donc la production, la diffusion et la valeur potentielle d’un ouvrage en fonction de l’audience qu’il pourrait rencontrer.
D’où la publication de tant de livres de personnalités, de politiques, d’influenceurs car ils disposent déjà d’une audience constituée qui souhaitera, en partie, acquérir l’ouvrage de cette personne qu’ils connaissent et admirent ou qui, a minima, les intéressent.
Effectivement, les éditeurs publient avant tout un auteur, une personne, avant de publier un livre (dans le sens d’un thème ou une histoire précise).
Au “détriment” d’auteurs inconnus ou méconnus qui représentent alors une prise de risque bien plus importante ? Certainement.
Car les études de marché pour déterminer les ventes potentielles d’un primo-auteur inconnu au bataillon sont assez limitées, il faut se l’avouer…. C’est un saut dans le vide, surtout pour de la fiction, et l’audience se constituera au fil des publications.
2/ On parle de “chaîne du livre” comme d’une chaîne de production
Automatisation dans les imprimeries, besoins d’économies d’échelle, impératifs de productivité chez les éditeurs, plans de résultats difficilement tenables chez les diffuseurs et distributeurs, et… pilonnage (destruction des livres invendus) : tous les termes de la parfaite chaîne de production figurent dans le vocabulaire usuel.
3/ Les intermédiaires ponctionnent la chaîne de production
Et par intermédiaires, nous entendons les diffuseurs et distributeurs, en particulier les mastodontes à l’instar de la Fnac, Cultura ou encore Amazon. Ils jouent un rôle qui peut être déterminant, en particulier les distributeurs, dans la vente des livres pour les rendre accessibles à l’audience qu’ils visent sur tout le territoire et en ligne.
Mais, il faut l’entendre, leur travail quotidien n’équivaut en rien au processus de création initié par l’auteur. Comment justifier alors les coûts souvent (très élevés) de ces collaborations pour les maisons d’édition, avec un impact direct sur la rémunération des auteurs ?
4/ Les plus lésés sont ceux qui créent et qui produisent
Le parallèle avec l’agriculture est, de mon point de vue, édifiant. A l’instar des agriculteurs, les auteurs sont en “début de chaîne” et créent la matière première pour constituer le livre — le produit fini — que leurs lecteurs achèteront.
Agriculteurs et auteurs se trouvent être parmi les plus lésés car, par leur posture individuelle et le rapport de force instauré face à leurs éditeurs ou distributeurs, ils ne sont souvent pas en mesure de bien négocier leurs rémunérations et bénéficient de peu de droits sociaux.
Les auteurs se différencient des agriculteurs par le fait que certains rares écrivains ou personnalités disposent d’un rayonnement suffisant pour être en mesure d’imposer leurs conditions. Mais ils sont quelques dizaines, quelques centaines au plus, en France.
La newsletter et cette série d’idées reçues vont ont plu ? N’hésitez pas à les partager et à me faire vos retours, c’est toujours un plaisir d’échanger avec vous !
Pour faire durer le plaisir, retrouvez des conseils d’écriture et de lecture sur le blog, une sélection de maisons d’édition engagées, ou encore des concours de nouvelles auxquels participer.
ADEB : Association des éditeurs belges.
Une mine d’or sur le sujet, avec une situation très proche de celle du marché français.