N27 - Rentrée littéraire et leçons de l'été 2022 : ce qu'il faut en tirer
Je suis auteur - de retour après deux mois d'absence
27e édition de la newsletter Je suis auteur !
Tout d’abord, je suis ravie de vous retrouver après cette looonnngue pause estivale. J’espère qu’elle aura été reposante et revigorante pour chacun/e d’entre vous.
Dans les précédentes éditions, les sujets abordés ont toujours visé à vous aider et à vous informer tout en partageant mon parcours d’autrice. Des exemples ? L’astuce à connaître en écriture, pourquoi et comment devenir auteur ou encore la série de 5 idées reçues sur le secteur de l’édition. Et cette nouvelle newsletter ne fait pas exception, même après de longues semaines d’absence.
Belle lecture,
Raphaëlle
Cancale, Bretagne, 09/2022.
Petit bonus : je vous recommande 3 romans en fin de newsletter pour cette rentrée littéraire ;)
Un nouveau souffle
Avoir donné naissance à mon fils cet été m’a notamment permis de me sentir dans une bulle, en retrait, et d’envisager de nombreux sujets autrement. Et d’acquérir de nouvelles perspectives en écriture. Alors aujourd’hui, j’avais envie de vous partager quelques éléments de réflexion de cette prise de recul. J’espère qu’ils feront écho chez certains d’entre vous.
Faire le vide…
Les premières semaines d’un nourrisson sont d’une intensité rare — à la fois pour lui et pour son entourage — et forcent à se couper du reste du monde.
Lorsque l’on “refait surface” ce n’est pas d’un coup, d’une inspiration, mais par petites touches. Prudemment. Ce retour progressif permet de se rendre compte si nos activités, nos loisirs et même notre travail nous plaisent toujours. Si l’on s’y retrouve encore, comme une sorte de test à l’épreuve de notre nouvelle réalité, de notre quotidien chamboulé.
Bien sûr, ce genre de longue pause peut survenir autrement à la faveur d’un voyage, d’un congé sabbatique, ou simplement de la période estivale comme cet été 2022. Tous sont propices à la réflexion.
…pour mieux refaire surface
L’important est la prise de recul que l’on en retire et comment mobiliser ses enseignements une fois que nous reconnectons avec notre quotidien. En général, bien sûr, mais aussi dans nos projets d’écriture.
C’est ce qui me permet de me projeter en tant qu’autrice sur le long terme : de savoir que chaque événement de ma vie viendra nourrir ma créativité et approfondir mon univers d’écrivaine. C’est un métier qui implique d’être toujours “en devenir” et d’accepter les périodes de transition. L’enjeu est d’en ressortir grandi/e.
Évaluer ce qui nous plaît toujours… ou pas
est-ce que j’aime toujours écrire ?
cette nouvelle, cette pièce de théâtre, ai-je toujours envie d’aller au bout ? D’en changer complètement le début, le milieu, la fin ?
si je n’ai pas avancé cet été sur mes projets, quelles sont les raisons ? Ou, au contraire, si j’ai finalisé mon manuscrit alors que je n’avançais pas durant l’année, qu’est-ce qui m’a permis de réussir ?
quel élan donner à cette rentrée pour poursuivre sur ma lancée ou, au contraire, me sortir de ma léthargie ?
est-ce que mon quotidien, mon travail, ma famille laisseront de la place à l’écriture ? Comment le garantir ?
pourquoi, maintenant que je suis à la retraite ou entre deux emplois, je ne parviens pas à écrire ? Que faire de ce temps libre ?
…
Cette liste de questions pourrait être infinie. Ce qu’il faut avant tout conduire, c’est une remise en question et des prises de décisions. De vraies résolutions, peu nombreuses, réalistes, adaptées à notre quotidien et qui doivent nous porter vers nos objectifs (d’écriture).
Confiance et priorisation
Me concernant, le mois d’août a été propice à une créativité renouvelée, loin de mes carnets et de l’ordinateur.
Sans possibilité de formaliser une idée de roman ou de nouvelle dans la minute où elle me venait à l’esprit, j’ai pu éliminer celles qui disparaissaient de mes pensées trop rapidement et affiner celles qui imposaient leur présence. Il s’agissait de faire confiance à mon processus créatif et à mon envie d’écrire sur la durée.
Alors non, ce n’est pas parce que vous ne notez pas une idée qu’elle disparaîtra. Et non, ce n’est pas parce que vous n’écrivez pas durant quelques mois que vous perdrez vos acquis ou votre “talent”.
3 étapes pour se (re)lancer
Formalisez, notez, pérennisez ce qui vaut la peine de l’être. Après quelques jours, quelques semaines à être dans vos pensées, posez sur le papier ce que vous comptez vraiment approfondir. Ce qui pourrait vraiment devenir un projet d’écriture abouti. Et lancez-vous. Prenez le temps, même durant ce rush de rentrée pour le faire.
Agissez pour ancrer vos résolutions. Il ne s’agit pas seulement de noter ses idées, il faut ensuite les explorer pour les transformer en projet concret ou modifier ce qui est en cours. C’est passer de la conception à la réalisation. Combien d’auteurs en devenir jurent qu’ils ont “tout le roman en tête” et qu’il ne leur “reste qu’à écrire” ? Si vous en faites partie, ce n’est pas une fatalité. Commencez par écrire les scènes et les éléments-clés du récit. Forcez-vous à le faire, le reste du processus d’écriture sera (bien plus) fluide.
Écrivez autrement, surprenez-vous. Auteur en devenir ou confirmé, la même épée de Damoclès est suspendue au-dessus de nos têtes : rester dans notre zone de confort — que ce soit de répéter les mêmes erreurs, de mobiliser le même genre de personnages, ou encore de suivre le même arc narratif sans jamais en changer. Là-aussi, faites-vous confiance et écrivez une nouvelle de science-fiction si, jusqu’ici, vous ne vous êtes frotté qu’aux romances ; ou faites d’un assassin votre personnage principal si vos protagonistes habituels sont identifiés comme étant trop lisses, sans relief. Bref, sortez des sentiers battus. Non seulement vous progresserez mais vous en retirez beaucoup de plaisir !
Et, bien sûr, amusez-vous !
3 romans à lire cet automne - rentrée littéraire 2022
Quoi de mieux qu’un bon roman pour s’inspirer ?
“Biche” de Mona Messine aux éditions Livres Agités
Une fiction écologique engagée écrite par une primo-romancière — au parcours déjà impressionnant — éditée par une jeune maison d’édition pleine d’avenir. L’ouvrage a déjà été sélectionné par trois prix littéraires (les Inrocks, la Fondation La Poste, métro Goncourt) et les interviews presse et radio se multiplient. Un roman qui inverse les points de vue, renverse les paradigmes habituels, et donne des frissons. Bref, une œuvre dans l’air du temps.
“Lisa Lang ou le champ des promesses” par Ghislaine Sebban-Lenoir aux éditions Brandon
Un parcours de vie, l’aventure unique d’une femme entre l’Allemagne, la France et l’Algérie. Le roman est publié par une maison d’édition grenobloise qui défend une vision unique de la littérature pour ses lecteurs et ses auteurs : production locale et responsable des livres, meilleure rémunération des auteurs et le désir de produire des ouvrages destinés à durer, à être lus et relus dans le temps. Et pas seulement jusqu’à la prochaine rentrée littéraire…
“Cher connard” de Virginie Despentes
L’incontournable de cette rentrée ? J’avoue avoir cédé aux sirènes marketing mises en place dans presque chaque librairie pour le nouvel ouvrage de Mme Despentes. Et oui, on se répète, mais son écriture ne laisse pas indifférent et provoque le débat. Cela secoue, un peu, et réactualise le rôle engagé que peut jouer la littérature. À lire et surtout à débattre avec votre entourage une fois terminé !
N’oubliez pas de commander vos livres directement auprès de votre libraire indépendant. Un geste simple mais tellement important pour soutenir les acteurs vraiment créateurs de valeur dans la chaîne du livre…
Super édition Raphaelle ! Et ravi de voir la newsletter continuer après cette petite pause, avoir deux bébés à gérer simultanéismes désormais c’est aussi un nouveau challenge :)