Deuxième idée reçue d’une série de 5 sur le secteur de l’édition et du livre en général, pour auteurs comme lecteurs !
Vous avez loupé la première ? Découvrez-la juste ici, elle parle de la rémunération des auteurs et de ce que l’on appelle “la chaîne du livre”…
Je vous laisse donc avec cette seconde idée que l’on prend souvent pour une réalité, sans assez la remettre en question ou découvrir ses coulisses.
Dites-moi ce que vous en pensez !
Raphaëlle Béguinel,
autrice, fondatrice de jesuisauteur.com
Idée reçue n°2 : les prix littéraires sont attribués aux meilleurs livres
Réponse ? Oui et non.
Oui, car on ne peut pas remettre en cause la qualité de tous les livres primés — on aurait tort — et de nombreux ouvrages sont très bons.
Non, car les sélections initiales établies des romans, essais, recueil de poésies que la plupart des jurys étudient est assez voire très réductrice compte-tenu de l’ensemble du paysage éditorial en France.
Pour les prix nationaux que le (grand) public connaît — Goncourt, Femina, Régine-Desforges — plus de 90% des livres sélectionnés sont édités par les “grandes maisons d’édition”, souvent parisiennes. C’est-à-dire les maisons d’édition que, là aussi, tout le monde connaît : Gallimard, le Seuil, Flammarion ou encore Grasset.
Pourtant, il existe des centaines de maisons d’édition en France publiant chaque année des livres qui, pour la plupart, passent sous le radar du public car non visibles dans les sélections de prix littéraires. Encore moins parmi les titres primés !
Ce qui permet de rappeler une dure réalité : l’édition reste un marché et la chaîne du livre une industrie. Les deux reposent sur une nécessité toute simple : vendre des livres.
Et les prix littéraires sont faits pour vendre. Ils sont même les meilleurs arguments de vente, surtout lorsque l’auteur n’est pas (re)connu.
Disclaimer : il existe une grande histoire d’amour entre les grands prix littéraires et les distributeurs comme la Fnac, Cultura ou encore Amazon. En effet, si l’on prime un ouvrage non disponible sur ces plateformes — au hasard édité par une petite maison d’édition — l’argument de vente d’un grand prix littéraire tombe à plat. Autant ne pas sélectionner de livres provenant de petites maisons donc, ce serait une perte de temps et contre-productif commercialement parlant.
Alors, on prime le plus souvent un livre édité par une maison d’édition qui a “les moyens de suivre”, notamment via un distributeur. Le dernier Goncourt est, jusqu’ici, l’une des exceptions qui confirme la règle.
Il est important de souligner que des prix littéraires locaux et régionaux font, heureusement, exception et sélectionnent des ouvrages édités par de petits ou grands acteurs. Mais le déséquilibre persiste dans la plupart des cas.
Les prix littéraires sont donc des locomotives, l’assurance de vendre et de se faire connaître pour les auteurs comme leurs maisons d’édition.
On regrette donc le manque de diversité des sélections et titres primés mais également les jeux d’influence qui opèrent sur les membres du jury et le manque de transparence de la plupart des sélections littéraires….
A quand des prix qui sélectionnent largement et donnent la possibilité aux éditeurs et auteurs de proposer leurs livres via un processus simple, clair et transparent ?
Une piste à explorer en tout cas, selon moi !
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